Quoi de mieux que l’élevage pour entretenir et mettre en valeur les prairies pentues de nos montagnes ? Présent en Belledonne depuis des siècles, le pastoralisme a permis de façonner les paysages d’alpages mais aussi les paysages des balcons de Belledonne que nous arpentons aujourd’hui. Les parcelles les plus plates et accessibles sont fauchées pour nourrir les bêtes l’hiver et les parcelles les plus pentues sont pâturées par les animaux, seul moyen de valoriser ces pentes herbeuses. Une fois le troupeau passé sur ces parcelles en pente, les éleveurs font un travail d’entretien complémentaire pour débroussailler ce que les animaux n’ont pas mangé, élaguer les haies qui empiètent sur le pâturage et s’assurer du bon état de la parcelle.
Mais une parcelle en bon état c’est quoi ? C’est une parcelle qui est correctement pâturée, ni trop ni trop peu, et qui permet de maintenir un bon équilibre entre richesse floristique et limitation de l’enfrichement. Pour cela, plusieurs éléments sont indispensables : une clôture solide pour que les animaux ne sortent pas, une herbe appétente et riche, un point d’abreuvement ou à défaut un accès facile permettant d’amener de l’eau et de faciliter le travail d’entretien. Si l’un de ces éléments manque, la parcelle ne sera pas ou peu utilisée et elle laissera rapidement place à la friche puis, à terme, à la forêt.
Pour lutter contre ce phénomène d’enfrichement, des éleveurs de Belledonne, sous l’impulsion de l’ADABEL* et du GDA Cœur de Savoie**, se sont regroupés en une Société d’Intérêt Collectif Agricole (SICA).
Ainsi structurés collectivement, les éleveurs vont pouvoir bénéficier de subventions du Plan Pastoral Territorial de Belledonne, pour la valorisation des prairies sur les balcons, de la même manière que les Groupements Pastoraux en bénéficient pour les alpages. Les travaux finançables dans ce cadre sont exclusivement réservés aux parcelles non fauchées pour des projets tels que la réouverture de milieu (typiquement sur d’anciennes parcelles agricoles gagnées par les ronces et les épines), la réfection ou l’entretien de clôtures, la mise en place de chargeoirs, la mise en place d’abreuvoirs ou le captage de source, la réalisation de chemins d’accès, l’achat d’équipement de contention…
L’Assemblée Générale Constitutive de la SICA s’est tenue lundi 12 septembre à 20h à Goncelin.
Elle a permis la signature des statuts et l’élection du Conseil d’Administration et du Bureau. Au total, ce ne sont pas moins de 18 membres, allant de Vaulnaveys-le-Haut en Isère à Chamoux-sur-Gelon en Savoie, qui se sont associés ; d’autres ont déjà fait part de leur
souhait de rejoindre cette aventure collective. De beaux projets en perspectives !
Ce projet entre également en complète adéquation avec la volonté politique de plus en plus marquée d’une alimentation saine et locale. Dans un contexte où, depuis une soixantaine d’années, la forêt gagne du terrain et referme les paysages en Belledonne, la conservation d’un foncier agricole fonctionnel et conséquent sur le territoire est donc indispensable. En effet, cela permet d’assurer une ressource fourragère suffisante à la survie des fermes de Belledonne, notamment face aux épisodes de sécheresse, et donc le maintien d’une production agricole et alimentaire locale.
L’accompagnement à la création de cette structure a été permis grâce au projet « Maintien des Espaces Ouverts en Belledonne », porté par l’ADABEL, l’Espace Belledonne et la communauté de communes Le Grésivaudan et financés via des fonds européen LEADER.
Contact : sicabelledonne@gmail.com
* ADABEL : Association pour le Développement de l’Agriculture en Belledonne, représentée par Guillaume Sieurin
**GDA : Le Groupement de Développement Agricole Coeur de Savoie, représenté par Daniel Laboret
Pour plus de renseignements ou pour rejoindre la SICA, contactez sicabelledonne@gmail.com